Défenseuse des droits LGBT (lesbiennes, gays, bisexuels et transsexuels), pro-européenne et progressiste, l’avocate Zuzana Caputova est la nouvelle présidente de la Slovaquie. Élue face au commissaire européen Maroš Šefčovič qui était soutenu par le pouvoir en place, elle sera la première femme à occuper ce poste dans le pays.
“C’est après ces assassinats que j’ai décidé de me présenter”
Zuzana Caputova
En 2018, le journaliste Jan Kuciak et sa fiancée étaient assassinés alors qu’il s’apprêtait à publier une enquête sur les liens présumés entre hommes politiques slovaques et mafia italienne. Plusieurs dizaines de milliers de personnes s’étaient rassemblées pour dénoncer ces meurtres et la corruption dans le pays. Zuzana Caputova y avait pris part et a fait de la lutte contre la corruption l’un des points forts de sa campagne. Par son élection, les slovaques ont montré dans les urnes qu’ils aspirent au changement.
Mais qui est Zuzana Caputova ?
“En tant que candidate… heu, présidente… “ elle s’esclaffe « désolée, j’ai du mal à m’y faire“. Encore novice en politique, elle a cofondé en 2017 le parti Slovaquie progressiste qu’elle représentait à l’élection présidentielle. Dans son programme, elle insiste sur une réforme de la justice, le soutien aux personnes âgées et la protection de l’environnement. On la compare à Macron, notamment pour la soudaineté de sa victoire.
« Une histoire similaire s’est déroulée à la dernière élection présidentielle en France, où le représentant d’une nouvelle tendance politique et un nouveau mouvement politique ont triomphé » [lors de l’élection]
Aneta Vilagi en 2018, à l’AFP.
ll y a un an, Zuzana Capotuva était quasiment inconnue et son parti existait depuis à peine quelques semaines. Il n’est d’ailleurs toujours pas représenté au parlement du pays, les élections législatives n’ayant lieu que l’année prochaine. Auparavant avocate, Zuzana Caputova se démarque par son caractère déterminé. Après plus 10 ans de lutte, elle avait obtenu en 2015 la fermeture d’une décharge toxique après décision de la Cour de justice de l’Union Européenne. Cette lutte lui vaudra en 2016 le prix Goldman, une sorte de prix Nobel vert récompensant les personnalités qui s’engagent pour l’environnement.
Également favorable à l’accès à l’IVG et pour les droits LGBT, déclarant notamment qu’un enfant vivra « mieux avec deux êtres amoureux de même sexe » que dans un orphelinat, Zuzana Caputova se distingue dans un pays conservateur.
Pour autant, elle reconnaît manquer d’expérience dans le domaine de la défense et de la sécurité. « Je devrais compter sur mes conseillers pour aborder ces sujets » déclare-t-elle. Elle peut toutefois se vanter de bénéficier du soutien du président sortant, Andrej Kiska.
Un vent nouveau pour la Slovaquie
“Ma victoire est un signal pour toute l’Europe.”
Sa victoire accroît la différence entre la Slovaquie, qui fait partie de la zone euro, et ses pays frontaliers la Hongrie, la Pologne et la République tchèque, tous trois dirigés par des gouvernements eurosceptiques et qui représentent, avec la Slovaquie, le groupe Visegrad. Ces trois pays n’ont d’ailleurs pas adopté la monnaie européenne.
Zuzana Caputova ne prendra ses fonctions qu’à partir du 15 juin pour un mandat de cinq ans renouvelables une fois. Face à des responsables politiques impliqués dans des scandales, cette activiste anti-corruption fait figure d’« âme pure », selon les termes du chanteur de rock Palo Haber. Sa volonté de changement, que son slogan résume en « lutter contre le mal », séduit les électeurs désenchantés par la coalition au pouvoir. La présidence a toutefois un rôle limité, le pays reposant sur un régime parlementaire. Zuzana Caputova dispose d’un droit de veto sur l’action du gouvernement, qui peut toutefois être outrepassé par le Parlement. Elle assure également le commandement en chef de l’armée, ratifie les traités internationaux et nomme certains hauts magistrats. Le reste de la fonction est principalement honorifique et consiste à représenter la Slovaquie à l’étranger. Ce sont cependant « les élections législatives en 2020 qui confirmeront ou infirmeront la véritable orientation prise par la Slovaquie« , juge le Courrier international et celle-ci ne sera pas nécessairement celle de la nouvelle présidente.
More Stories
PoV | Le recap de la semaine – Retraites: le challenge de la honte
PoV: Cinéma – Astérix & Obélix: L’Empire du Milieu (critique)
PoV – Politique: Incident raciste à l’Assemblée ?