Une nouvelle enquête du Supplément Enragé de son rédacteur en chef, Romain Labiaule, suite à l’accord trouvé entre le Royaume-Uni et l’Union Européenne au sujet du BREXIT.
par Romain Labiaule,
Rédacteur en chef
C’est officiel, après plusieurs années de négociations, les dirigeants européens et britanniques ont réussi à conclure un accord de sortie de la Grande- Bretagne de l’Union Européenne. Tout le temps pris pour sortir, qui aura d’ailleurs coûté le poste de Price Minister à Theresa May démontre bien la difficulté qu’ont éprouvé les dirigeants des deux côtés de la Manche à appliquer le référendum britannique. La sortie de la Grande-Bretagne de l’Union Européenne se profile comme un échec pour le progrès mais dessine la victoire des populismes.
Un serrage de mains sans grande conviction
L’accord trouvé entre l’Union Européenne et les dirigeants britanniques semble ne satisfaire que moyennement les deux parties. Après quatre années de négociations parfois grotesques – quand par exemple Boris Johnson, successeur de Theresa May, menaçait d’un « no deal » c’est-à-dire une sortie sans accord – les deux entités ont finalement scellé leur séparation.
Un accord qui rétablit les droits de douane entre le marché européen et le marché britannique, un accord qui relance les débats de lutte contre la concurrence déloyale entre les pays de l’UE et la Grande Bretagne, un accord qui entérine la fin de la libre circulation entre les deux continents (une libre circulation qui n’était que toute relative puisque la France avait accepté de retenir les migrants désireux de pénétrer sur le sol britannique). Cet accord, c’est aussi la fin d’ERASMUS entre le Royaume-Uni et l’Europe, pourtant l’une des rares prouesses du projet européen… Un accord qui tourne le dos à l’avenir pour déterrer l’expression « c’était mieux avant ».
L’échec démocratique du BREXIT
Depuis la vague insurrectionnelle typiquement française des Gilets Jaunes, le besoin de réformer le cadre institutionnel et démocratique français a brillé par son urgence. Référendum d’initiative citoyenne (RIC), mandat unique voire mandat missionné, le peuple français dans ce qu’il a de plus représentatif a exigé que la pratique politique soit davantage assumée par le peuple.
Le référendum est alors vu comme une opportunité parfaite, voire évidente, de fédérer le peuple derrière un retour à la souveraineté populaire. Pourtant, le référendum britannique a démontré tous les vices possibles qui peuvent intervenir lors d’un rendez-vous électoral.
La campagne de communication qui a précédé le référendum caractérise à merveille la batterie d’outils mis en application par les populistes opportunistes. Les fausses informations et manipulations, dans un contexte de crise migratoire considérée comme majeure, ont sans aucun doute manipulé les britanniques qui ont vu dans l’Union Européenne une menace plus qu’une opportunité.
La victoire du « oui » pour le référendum du BREXIT se profile alors davantage comme un coup de com magnifiquement exécuté par des forces politiques manipulatrices et leurs complices, qui ont su instrumentaliser les plaies et peurs du peuple britannique. La souveraineté populaire sensée être incarnée par la pratique référendaire devient dans des conditions non-démocratiques un simple portail à la manipulation des masses. Les mêmes, qui, en France, réclament légitimement un renouvellement démocratique réel.
L’échec de la coopération internationale
Le BREXIT démontre aussi le symbole d’une Union Européenne malade depuis longtemps. Malade car le prisme démocratique a été négligé au profit d’une Union Européenne trop dogmatique. Une Union Européenne nécrosée par son obsession de la protection de la concurrence, ce sacro-saint libéral. Le dédain pour la question sociale, démocratique et culturelle aura finalement coûté à l’Union Européenne sa durabilité temporelle, et les manquements de son action globale n’auront que permis de donner du grain à moudre aux arrivistes réactionnaires.
La longueur – voire la lenteur ? – à laquelle se sont déroulées les négociations permettent également de démontrer que derrière les discours et postures politiques se cachent des intérêts réels pour les entreprises comme les peuples des deux territoires. Des discussions houleuses qui imposent de comprendre qu’ils existent pour au moins quelques secteurs des interdépendances concrètent qui pourront, in fine, mettre en grande difficulté des travailleurs, donc des familles.
Un avenir incertain pour la coopération internationale
Des négociations tendues pour la sortie du BREXIT qui peuvent dans une certaine mesure rappeler les négociations pour l’accord du plan de relance européen. Des groupes d’alliés internes à l’Union Européenne ont fait en sorte de découdre ou remodeler le plan de relance à leur sauce. Et en première ligne, la Hongrie notamment, qui s’était farouchement opposée à la conditionnalité des fonds alloués en fonction du respect de l’état de droit (il n’y a pas de hasard …).
Après que les plus hauts dignitaires de l’Union Européenne aient grassement haussé le ton en brandissant des menaces de sanctions économiques, ces réfractaires ont finalement accepté le plan de relance (là encore, il n’y a pas de hasard …). Ce qui n’a pas empêché Viktor Orbán, premier ministre hongrois, de rappeler que le plan de relance devait être ratifié par l’ensemble des pays européens pour être opérationnel. Une nouvelle menace destinée à peser dans le rapport de force intra-européen.
Photographies
- Boris Johnson, issue de son compte Twitter
- « Vote« , issue de Canva
- Coopération internationale
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