L’édito du 25 Septembre: Quand Léa Salamé descend Pascal Praud…

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L’édito du Supplément Enragé du 25 Septembre 2020 à propos de la sortie de Léa Salamé sur France Inter, quant à la nécessité de ne pas laisser à son confrère Pascal Praud le monopole des débats politiques. 

par Live A. Jéjé

Coup de gueule sur France Inter

L’une des journalistes et intervieweuses les plus célèbres et réputées de France, Léa Salamé, ayant percé sur CNEWS (à l’époque I-Télé) avant d’être durant deux saisons l’une des critiques (avec Aymeric Caron, puis Yann Moix) les plus appréciées de la grande messe de Laurent Ruquier du samedi soir, On n’est pas couché (dont la dernière émission a été diffusé en Juin 2020, avec le retour de Léa Salamé, le temps de cet ultime numéro), sur France 2, et d’animer par la suite des émissions culturelles (Stupéfiant !) et politiques sur les chaînes du service public (L’Emission politique avec David Pujadas, Vous avez la parole avec Thomas Sotto), n’a pas mâché ses mots envers Pascal Praud, l’animateur de L’Heure des Pros deux fois par jour, sur CNEWS, connu pour les sujets polémiques qu’il aborde avec ses invités chaque jour, ainsi que ses coups de gueule jugés « réactionnaires », qui lui ont d’ailleurs valu des menaces de mort de la part des rappeurs Nekfeu et Squeezie il y a plusieurs mois.

En effet, l’animatrice, dont l’exposition médiatique à partir de Septembre 2014 le samedi soir sur France 2 avait si bien explosé qu’elle avait été élue « personnalité de l’année » avec Omar Sy fin 2014, a reproché à son ancien confrère de la 16, bien qu’elle a précisé défendre le droit à ce que des émissions telles que L’Heure des Pros existent, d’aborder en très grande majorité des sujets polémiques.

Il parle d’ensauvagement sur trois journées d’affilées. Quand Gérald Darmanin prononce le mot d’ensauvagement, il sait qu’il donne à Pascal Praud sa matière.

Au micro de Sonia Devilliers, et en réponse aux félicitations de celle-ci quant au sommaire du prochain numéro de « Stupéfiant ! » (« Modèle noir, regard blanc : La représentation des Noirs dans la culture française ») et au débat sociétal et politique que ce sujet pourra entraîner, Léa Salamé a rebondi pour insister sur l’importance que les débats politiques ne soient pas laissés uniquement à Pascal Praud.

Praud vs Salamé : deux visions différentes de faire du journalisme…et deux excès de méthode

Le désaccord profond qui semble transparaître dans l’opinion exprimée par Léa Salamé quant à l’éthique et au rôle du journaliste présentateur, sur Pascal Praud, est un parfait exemple d’une polarité de plus en plus opposée dans le traitement des sujets qui font l’actualité dans les émissions de débats.

Le journaliste Pascal Praud…

Pascal Praud apparaît, aux yeux de nombre de téléspectateurs (ce qui explique notamment les performances que son émission réalise en ce qui concerne l’audimat) comme un journaliste qui certes n’hésite pas à donner son avis, impulser le débat avec des prises de positions tranchées, mais accepte de donner la parole à des chroniqueurs issus de tous bords (journalistes, économistes, artistes, politiciens, sportifs, représentants de la société civile) et toutes affinités politiques (de l’extrême-gauche jusqu’au Rassemblement National), qu’ils soient en accord avec ses propres opinions ou non. Ainsi peuvent se côtoyer autour de sa table des personnalités médiatiques aussi diverses que les journalistes Gérard Leclerc, Jean-Claude Dassier, Gérard Carreyrou, Charlotte d’Ornellas, Jérôme Béglé, Elisabeth Levy, les avocats Philippe Bilger, Sophie Obadia et Caroline Mécary (ayant désormais quitté l’émission), le rappeur Rost, le publicitaire Jacques Séguéla, les politiques ou militants Jean Messiha (RN), Robert Ménard, Laurent Joffrin, Julie Garnier (LFI), Olivier Dartigoles (PCF), et sans être de chroniqueurs réguliers, des intervenants d’un jour comme Aymeric Caron, le chanteur Cali, Christine Kelly, Bernard Tapie, André Bercoff, Maurice Szafran, Eric Naulleau ou encore le gilet jaune Jérôme Rodriguez . Tel que l’on peut le voir, s’il ne fait aucun doute que la plupart des journalistes invités sont considérés comme étant de « droite« , les plateaux sont souvent équilibrés par les autres participants.

Il est néanmoins apparu, et cela n’a fait que renforcer les contestations à son égard, notamment depuis la rentrée médiatique fin Août, que Pascal Praud avait de moins en moins de filtres et finissait par s’affranchir du minimum de neutralité (soit-ce dans la répartition de la parole sur son plateau, du choix de ses intervenants et de ses propres sorties) que l’arbitre d’un débat se doit d’honorer.

 

25 septembre salamé praud praud en colère
…et un animateur qui ne mâche pas ses mots

Ce qui est loin d’être la vision du journalisme de Léa Salamé, qui, elle, a toujours appliqué le principe de l’interview contradictoire, revendiquant ainsi une neutralité et un recul critique sur les convictions défendues par ses invités, qu’importe leurs sensibilités idéologiques. Un recul critique qui n’a toutefois guère manqué avec les années, de souffrir d’un qu’en dira-t-on qui l’a progressivement enfermé dans la bienpensance d’un espace médiatique « centre-gauche » que dénonçait Michel Houellebecq face à elle en 2015 alors qu’elle défendait la thèse (récurrente dans ses analyses) que les idées conservatrices qui connaissent un regain d’intérêt en France avaient fait des Zemmour, Lejeune, Finkielkraut, Dupont-Aignan ou Houellebecq lui-même, des pontes de la pensée majoritaire. Au simple titre que les partis de droite les plus conservateurs, en majorité le Rassemblent National avaient réalisé des résultats plus élevés que les autres partis (entre 20 et 35 %) à toutes les élections, intermédiaires ou présidentielles, depuis 2012. Un postulat ridicule puisque les partis considérés ou se revendiquant comme « progressistes », de La République en Marché (suppléés de le courant le moins réactionnaire que l’on trouve chez Les Républicains, dont la fracture entre un cercle ultralibéral et chassant sur les terres de l’extrême-droite et une autre mouvance plus orientée sur le social et les valeurs républicaines) jusqu’à La France Insoumise. 

De plus, et là encore, de façon progressive, nombre de téléspectateurs ont fini par conclure, et les nombreux commentaires négatifs ayant suivi sa façon d’interviewer le président Macron l’été dernier, qualifiée de complaisante, que cette méthode de l’interview contradictoire n’apportait absolument rien de nouveau ni de contradictoire au débat, et relevait plutôt d’un consensualisme qui l’ont classés pour ses mêmes détracteurs comme une nouvelle icône du journalisme « bobo-parisien ».

A qui faut-il laisser les débats politiques, pour reprendre la question de Salamé ? Une chose est sûre: ni à elle, ni à Praud.

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