Comment une jeune fille légèrement vêtue a relancé le débat sur ce qu’il serait acceptable ou non de porter à l’école
par Live A. Jéjé
Voici ma tenue ‘’inappropriée’’ qui m’a valu une exclusion de cours et un avertissement car selon ma prof et l’administration de mon école, c’est provocateur.
C’est par le biais de ce tweet qu’une adolescente a relancé le sempiternel débat, après avoir été sanctionnée pour s’être rendue à l’école dans une tenue jugée trop suggestive par l’équipe éducative, quant au degré de latitude qu’il faut ou non laisser aux élèves des établissements secondaires publics dans le choix de leurs oripeaux.
Tenues scolaires, débat complexe et subjectif
Un débat plus complexe qu’il n’y paraît au premier regard, puisqu’il y mêle une question de liberté acquise pour les femmes au terme de décennies de luttes afin qu’elles disposent de leurs corps et le revêtent comme bon leur semble dans les limites des dispositions régissant la vie en société (donc en constante évolution…), des problématiques inhérentes aux institutions publiques, et la notion, aux multiples ramifications, entourant le statut moral comme juridique de l’individu mineur, sous l’autorité, au sein de leurs établissements, des personnes chargées de leur instruction et de la prévention sur les dérives face à certains phénomènes auxquels ils sont susceptibles, et à l’extérieur de ses parents (qui plus est à une période transitoire où l’ado se retrouve constamment soumis aux changements physiques et psychiques l’amenant de l’enfance à l’âge adulte qui ne sont pas sans conséquences sur l’humeur et se traduisent par la sensation d’être pris en étau entre le rejet des figures d’autorité qui lui ont été imposées jusqu’alors pour une indépendance à laquelle ils aspirent sous certains aspects tout en sachant qu’ils devront y accéder pleinement un jour et l’accomplissement de certaines expériences par eux-mêmes d’un côté, et un besoin toutefois indéfectible pour sa protection de demeurer à des proportions difficiles à évaluer sous la responsabilité parentale de l’autre côté)
Non, s’habiller librement n’est pas une liberté fondamentale en France
D’aucuns, fervents défenseurs de ce qu’ils appellent une « liberté fondamentale » de s’habiller comme on le souhaite sans avoir à risquer de se retrouver accusé de provocation – posture intrinsèquement liée (même lorsqu’elle est recherchée, pour choquer ou par volonté de se tailler une certaine réputation, bien que cela ne semble pas vouloir être le cas dans cette affaire) au regard, à la réaction posée par autrui, ici ses camarades filles comme garçons, et en conséquence, aux préjugés souvent peu flatteurs de la sentence prononcée par ces derniers (et l’on sait à quel point elles peuvent être impitoyables dans les rangs ou les cours d’école) – et mettent en avant, non sans raison dans certains cas, que le véritable problème consiste à éduquer les mineurs, quels que soient leurs sexes, à ne pas adopter de comportements intolérables, allant des insultes jusqu’aux agressions sexuelles, aux viols au prétexte que la tenue de quiconque serait trop « sexy » et justifierait ces mots ou gestes déplacés. Il convient néanmoins de rappeler à ceux qui prennent la défense de cette jeune fille qu’ils ont toute liberté de considérer que la décision de l’enseignante, appuyée par le chef d’établissement est sévère mais, là est leur erreur, ils oublient ou ignorent que le choix d’un habit ne fait, en France, guère partie des « libertés fondamentales » du citoyen, et encore moins en ce qui concernent les personnes n’ayant pas atteint la majorité, et que les établissements scolaires disposent d’un règlement intérieur tentant de définir le caractère « adapté » de l’outfit dans lequel se rend chaque élève, tout comme il peut prohiber l’introduction dans ses murs de téléphones portables et divers accessoires.
Des réactions indignées de parents
De nombreux autres témoignages, composés entre autres de parents et d’élèves eux-mêmes, ont rejoint l’appréciation du corps éducatif de l’établissement en question, considérant que l’école est un lieu d’instruction, d’éducation et de prévention, où ils ne laisseraient pas aller leurs enfants ainsi vêtus (ou ne se vêtiraient pas de la sorte pour s’y rendre dans le cas de ceux qui sont encore élèves), où le choix de leurs vêtements doit rester « décent » et « respectueux » des enseignants, et non pas une activité de loisir, tel qu’un verre entre amis, une après-midi shopping ou une séance de cinéma (exemples pour lesquels beaucoup de parents ont également des exigences en la matière, dans un souci, à ce qu’ils évoquent de « dignité », de « respect et de protection de soi-même »). Un mineur étant sous la responsabilité et l’autorité de ses parents, à qui ils incombent des devoirs, ceux-ci sont au regard juridique en pleine capacité de leur refuser (sauf cas exceptionnels d’imposition d’une tenue à un enfant qui relèverait d’une dimension religieuse ou culturelle non-consentie, ou qui pourraient s’apparenter à de l’humiliation ou de la maltraitance) de sortir du domicile familial affublé d’habits qu’ils trouveraient inadaptés.
Le retour de l’uniforme pour lutter contre les inégalités et le harcèlement à l’école ?
Chez les mineurs, un argument particulièrement intéressant a fini par émerger de réactions en réaction : celle du respect d’une neutralité dans ce qui peut-être ou non porté, dans le but de lutter contre certaines formes de discriminations subies par les étudiants entre eux. Dans une société consumériste et hypersexualisée, certaines conventions telles que les critères de beauté, l’argent ou la « mode » (si changeante que tenter de la suivre vous rend instantanément ringard car elle se retrouve déjà désuète au profit d’une autre) créent un ensemble de jugements – « trop gros », « trop maigre », « trop grand », « trop petit », « trop pauvre », « mal-habillé » etc… – qui peuvent prendre la forme de moqueries, de harcèlements, voire de complexe(s) ressenti(s) par un élève vis-à-vis d’autres et qu’il taira dans la douleur, la honte de ne pouvoir aussi correspondre auxdits critères. D’où la réémergence dans cette discussion récurrente qu’ont les français de la possibilité, afin de mettre fin à ces problématiques subalternes mais qui pourraient s’avérer productives pour lutter contre les discriminations dès le plus jeune âge et le harcèlement scolaire, de revenir au port de l’uniforme, tel que de nombreux établissements privés l’exigent.

Une idée qui gagne de la tendance chez de nombreux jeunes, qui n’y sont plus aussi opposées qu’auparavant : les records de popularité de certaines séries comme Elite, à laquelle beaucoup d’internautes ont fait référence dans les discussions qui ont suivies cette polémique, ont en effet démontré que le port de l’uniforme ne permettait de porter au premier coup d’œil un jugement négatif sur le style d’autrui, tout étudiant partant alors d’un même d’égalité, n’entravait en rien aux jeunes d’affirmer leur personnalité, voire ni-même leur « virilité », ou leur « féminité », deux notions qui prennent tout leur sens à ce batifolant âge adolescent qui est également, et c’est parfaitement normal, n’en déplaisent à certains parents, celui de la découverte de l’amour et de la sexualité.
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