Suite aux propos du Ministre de l’Education Nationale Jean-Michel Blanquer concernant l’apprentissage de la langue arabe à l’école, les réactions, pour le moins mitigées, n’ont pas tardé à tomber.
Un rapport en cause
A l’origine, une interview de Mr Hakim El Karoui, qui remettra bientôt un rapport au président de la République sur l’Islam et la lutte contre le fondamentalisme musulman, dont le contenu préconiserait le renforcement de l’apprentissage de l’arabe dans les écoles, et commentée positivement par le ministre de l’Education Nationale, Jean-Michel Blanquer.
L’argument invoqué et repris par l’ensemble des médias, qui n’ont pas tardé à poser la question du bienfondé de cette suggestion : ne pas laisser le monopole de cet apprentissage aux mosquées et écoles coraniques, non soumises à un contrôle institutionnel et non assurées par des enseignants reconnus compétents par l’Education Nationale.
Tollé du côté de la droite et de l’extrême-droite, vives discussions sur les réseaux sociaux entre internautes de toutes sensibilités politiques. Peur d’une arabisation de la France, déploration du temps d’étude accordé aux langues étrangères, quelles qu’elles soient, au détriment de l’apprentissage d’une langue française dont il est coutume de dire qu’il est confronté à de graves anicroches dans les classes de primaire et dont son expression quotidienne relève d’un vocabulaire d’une rare pauvreté.
Ce qui est évident, c’est que d’abord, il y a le développement de l’apprentissage des langues, et l’arabe est une langue très importante, comme d’autres grandes langues de civilisation, je pense au chinois ou au russe, oui, bien sûr, il faut développer ces langues (Jean-Michel Blanquer).
Il apparaît dès lors pertinent de tenter de décrypter pourquoi cette idée dérange, inquiète et suscite tant de controverses. Tout d’abord de préciser que Jean-Michel Blanquer n’a pas fait la promotion de l’enseignement de l’arabe en particulier, mais au sein de diverses autres langues, comme le russe et le chinois, dont la culture littéraire demeure parmi les plus riches.
Un enseignement de l’arabe problématique ?
A n’en pas douter, pour une partie de l’opinion, d’aussi cuisantes réactions ne sont pas tant liées à l’enseignement de la langue qu’à ce que représente cette langue dans symboliquement dans leur imaginaire. Arabe = Islam et de l’Islam et de l’Islamisme, un nombre croissant de français vous diront qu’il n’y a qu’un pas. Si cette peur panique reste dans l’ensemble des rédactions condamnée, il convient de ne pas mépriser pour autant ceux qui cultivent ces aprioris qui reposent pour la plupart plus sur la peur (des attentats, que leurs enfants s’envolent pour le Jihad) et l’ignorance de l’autre, du musulman, que d’une franche xénophobie.
D’autre part, deux arguments principaux, de la part de ceux qu’on ne saurait soupçonner de la moindre pulsion réactionnaire : la volonté de privilégier, comme cité ci-haut, l’initiation du français aux autres dialectes, et la crainte de voir, si une telle instruction se retrouve mise en avant, de nombreux jeunes céder à l’attrait des discours les plus radicaux de l’Islamisme via la plaisante volonté de subversion propre à l’adolescence.
Une instruction impossible ?
Il convient toutefois de relativiser la polémique, ne serait-ce qu’en rappelant que l’immense majorité de ceux qui apprennent l’arabe à l’école, comme à la mosquée, n’ont jamais fait état du moindre acte révélateur d’une tentation islamiste.
De plus, il y a fort à parier que les propres de Mr Blanquer ne dépasseront pas le stade de la réflexion, aux vues de la complexité tant budgétaire que d’effectifs à embaucher et rémunérer des professeurs de langues vivantes et de les affecter de façon à proposer un enseignement généralisé à l’échelle hexagonale (une telle impasse se manifeste depuis des années au sujet de l’instruction des langues vivantes, à l’exemple de celui de l’italien, pour ne citer que lui, dans l’indifférence générale).
Live A. Jéjé
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